Par Hugues Viau


Il y a quelques années seulement, dans le domaine des poissons et fruits de mer, la tendance était à l’achat de produits exotiques, rares ou venant de loin. Qu’est-ce qui était le plus exclusif ? Qu’est-ce qui était le plus original ? Qu’est-ce qu’on ne retrouvait pas à l’épicerie ou dans les autres restaurants ? Les menus faisaient belle part aux poissons et fruits de mer originaires d’Asie, d’Océanie, d’Afrique ou même d’Europe. Ce marché est toujours bien vivant et l’offre de produits exotiques, de plus en plus diversifiée. Cependant, un nouveau marché s’impose de plus en plus rapidement, celui de l’achat local. Maquereau, homard, turbot et phoque sont les nouvelles vedettes de l’heure. Bien évidemment, ce constat ne s’applique pas qu’aux produits marins. Ici, le Québec redécouvre peu à peu ses viandes, ses fruits, ses légumes, et même, ses vins et spiritueux.
Le point de vue de l’industrie alimentaire
Le proverbe « Nul n’est prophète en son pays » ne semble plus s’appliquer à nos aliments. Pourquoi ? À cette question, divers programmes, tels Aliments du Québec et Fourchette Bleue, pour ne nommer qu’eux, peuvent fournir une partie de réponse. Le battage médiatique entourant cette mouvance n’est certainement pas étranger à l’engouement populaire entourant ce dernier. De plus, l’incessant travail de promotion de nos chefs, de par leur mise en valeur des produits locaux dans leur quotidien, peut aussi expliquer la recrudescence des produits québécois sur nos tables. 
 
Un apport, parfois négligé, est celui des joueurs majeurs dans l’industrie de l’alimentation. Chaînes de magasins de détail, grossistes et détaillants spécialisés, sont tous des intervenants cruciaux, ayant un rôle essentiel ainsi qu’une part de responsabilité dans l’augmentation des ventes des produits du Québec. Toutefois, il n’est pas rare d’entendre des critiques à leur égard. Ou pas assez d’aliments provenant du Québec, ou bien manque de constance dans l’approvisionnement, ou encore peu de ressources disponibles… sont desremontrances dont ils sont souvent la cible. 
 
Personne ne peut être contre la vertu. Dans un monde idéal, les distributeurs alimentaires seraient en mesure de commercialiser tous les produits québécois existants, de tous les producteurs présents sur l’échiquier agroalimentaire.
 
Dans un monde idéal
Nos distributeurs seraient donc en mesure d’avoir un approvisionnement continu, à un prix équivalent, ou même moins cher qu’un produit identique provenant d’un autre pays. La température ne serait jamais un obstacle à la consommation, pas plus que la quantité de produits disponibles sur le marché n’aurait d’impact sur l’offre. Il est bien évident que tout cela est impossible. C’est pourtant ce qui est demandé, quotidiennement, aux distributeurs.
 
Ces derniers, même s’ils ne commercialisent pas tous les produits « québécois » disponibles sur le marché, font néanmoins plus que leur part pour l’industrie « québécoise ». Ils payent un salaire à leurs employés « Québécois », font des affaires au « Québec », emploient en partie des entreprises « québécoises » pour leurs opérations quotidiennes et payent des impôts au gouvernement provincial « québécois ». Ils n’ont peut-être pas toujours de phoque, de tomates ou de Grands Crûs originaires du Québec, mais font très certainement leur part pour contribuer à faire du Québec ce qu’il est.
 
Une fierté bien placée
L’idée d’acheter « québécois » est désormais bien implantée. Il s’agit d’une lutte de tous les jours, mais les gains qu’on peut et pourra retirer à court, moyen et long terme d’appliquer une telle philosophie sont tellement plus importants que les efforts à faire, qu’il est plus qu’essentiel d’adhérer à ce principe. La machine est en marche, les divers rouages connaissent leur rôle. Il s’agit maintenant pour le consommateur de faire preuve de patience, de compréhension, et, surtout, de logique.